• En Italie, il n'y a que des vrais hommes

    • Dessinateur : Sara Colaone
      Scénario :
      Luca De Santis
      Catégorie : Bande dessinée
      Date de parution : 21/01/2010
      Format : 18cm x 25cm - 168 pages

    Cette bande dessinée originale raconte la politique de confinement des homosexuels mise en place par Mussolini dans l’Italie d’avant-guerre. Un récit émouvant et passionnant qui fait revivre un pan peu connu de l’histoire de la péninsule.

    Cette histoire se déroule en Italie. Un jeune homme est arrêté par la police de Mussolini et soumis à un interrogatoire. On ne lui reproche pourtant pas d’avoir tué ni d’avoir volé. Aux yeux des autorités, il s’est rendu coupable d’un seul crime : la « pédérastie passive ». Un comportement susceptible de causer un « grave préjudice à la morale publique et à l’intégrité de la race ». Verdict : le jeune homme sera condamné au confinement dans l’île de San Domino, située dans l’archipel de Tremiti, au sud du pays. Nous sommes en 1938, à la veille de la Seconde Guerre mondiale. A cette époque, le contexte politique n’est pas favorable aux homosexuels Italiens. Au fur et à mesure que les mois passeront et que l’alliance entre Hitler et Mussolini prendra de l’ampleur, les mesures discriminatoires à leur égard iront en s’accroissant. C’est ce pan de l’histoire de l’Italie contemporaine que raconte ce roman graphique d’une grande originalité, teinté d’un humour qui vient atténuer le caractère dramatique du thème abordé. L’action procède par flash-backs entre l’avant-guerre et l’époque contemporaine où deux journalistes viennent à Salerne, une petite ville italienne, afin de recueillir le témoignage d’une ancienne victime de cette politique sectaire et vexatoire. L’homme a vieilli, bien sûr. Il s’appelle Antonio, mais tout le monde le surnomme Ninella dans son village. Malgré quelques réticences et divers accès d’humeur, il accepte de raconter son histoire, qui fut aussi celle de centaines de ses camarades en ces temps troublés où il ne faisait pas bon être homosexuel sous le régime du « Duce ». La grande réussite de cet album tient à l’équilibre qu’il préserve entre la « petite histoire », celle vécue par Ninella et ses compagnons, et la « grande Histoire » qui sert de toile de fond et emporte les protagonistes dans sa course folle vers l’abîme. Au-delà du destin personnel de Ninella, En Italie, il n’y a que des vrais hommes lève le voile sur toute une partie longtemps méconnue de l’histoire de la péninsule. Il fallut en effet attendre, comme le rappelle l’un des textes passionnants qui accompagnent le récit, les années 1980 avant de voir les premiers historiens s’intéresser de près à ce sujet. C’est tout l’intérêt de ce livre que de se resituer dans ce contexte historique et de revenir en détail sur la politique menée par Mussolini. Lequel avait l’habitude de dire, quand on lui demandait s’il avait l’intention de mettre en œuvre des lois d’exception destinées aux homosexuels, « en Italie, il n’y a que des vrais hommes ». Professant une vision fantasmée du mâle italien, Mussolini se refusera toujours à suivre le modèle du régime hitlérien et à promulguer des lois sur le modèle de celles édictées par Hitler. Luca de Santis et Sara Colaone font œuvre d’historiens à travers ce véritable travail de mémoire et de réhabilitation. Mais ils n’en perdent pas de vue pour autant la vocation de leur condition d’auteur : En Italie, il n’y a que des vrais hommes reste avant tout une histoire racontée en bande dessinée, servie par un dessin d’une grande lisibilité et portée par les figures de ces hommes condamnés à vivre à l’écart de leurs concitoyens en raison de leur préférence sexuelle. Un livre important et qui fait preuve d’une véritable singularité dans le paysage de la bande dessinée contemporaine.

     

    Sources : Fnac


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